Monétisation du gaz : La Côte d’Ivoire établit un nouveau leadership énergétique en Afrique de l’Ouest
« La Côte d’Ivoire
établit un nouveau leadership énergétique en Afrique de l’Ouest à la
suite de plusieurs initiatives prises pour monétiser le gaz naturel dans
la production d’électricité et les transports publics. Dans une région
riche en gaz naturel, ces initiatives accélèrent la transition
énergétique de la Côte d’Ivoire et ouvrent la voie à davantage
d’industrialisation et de création d’emplois », rapporte un communiqué,
en date du 25 mars 2020, de la Chambre africaine de l’énergie.
Depuis janvier 2020, le pays a obtenu un financement clé pour
ses principaux projets de production d'électricité à partir du gaz,
Azito et Atinkou. Le premier est une extension de la centrale d’Azito,
une usine de 460 MW détenue et exploitée par Globeleq qui utilise du gaz
naturel fourni par les gisements de gaz offshore de la Côte d’Ivoire.
Avec Azito IV, la centrale verra sa capacité augmentée de 253 MW. Le
financement pour ce projet d'extension a été obtenu en janvier 2020, et
une fois achevé il permettra à la centrale d'Azito de couvrir environ
30% de la capacité installée de production d'électricité de la Côte
d'Ivoire.
Le projet repose sur un financement de 264 millions
d'euros fourni par plusieurs institutions financières telles que la
Société financière internationale (SFI), la Banque africaine de
développement (BAD); la Banque ouest-africaine de développement (BOAD);
le Fonds OPEP pour le développement international (OFID) et un ensemble
d'institutions européennes de financement du développement (EDFI). Le
ministre du Pétrole, de l’Énergie et du Développement des énergies
renouvelables de la Côte d’Ivoire, M. Abdourahmane Cissé, a posé la
première pierre de la phase IV le 7 mars 2020.
Le projet
d’Atinkou, aussi nommé Ciprel V, est lui réalisé par le groupe Eranove.
Il consiste à développer une centrale à cycle combiné de 390 MW en
dehors d'Abidjan, qui sera également alimentée en gaz naturel. Un accord
de concession de 20 ans a été signé pour le projet en décembre 2018, et
il vient d'obtenir un financement de 303 millions d'euros de la SFI en
mars 2020. Le financement complet de la dette a été fourni par plusieurs
institutions financières telles que la BAD, la banque néerlandaise de
développement entrepreneurial (FMO), la société allemande Deutsche
Investitions-und Entwicklungsgesellschaft (DEG), le Emerging Africa
Infrastructure Fund et l’OFID.
Le gouvernement favorise également
le bon environnement commercial pour que le secteur du gaz prospère.
Quatre décrets ont été signés en Conseil des ministres le 11 mars 2020
pour renouveler l'autorisation d'exploitation exclusive des champs
pétroliers et gaziers de Foxtrot, Mahi, Manta et Marlin dans le bloc
CI-27. Les décrets prolongent chaque autorisation de 10 ans, dans le but
explicite d’« assurer l’approvisionnement constant et continu en gaz
naturel des nouvelles centrales thermiques CIPREL 5 et AZITO 4, en vue
de garantir la suffisance de la production électrique nationale. ».
La
Chambre africaine de l’énergie est extrêmement encouragée par ces
développements, non seulement parce qu’ils permettront à la Côte
d’Ivoire de produire de l’énergie moins chère et plus propre, mais parce
qu’ils témoignent de l’appétit constant des institutions financières
pour le secteur africain du gaz et ses dérivés. Selon une étude réalisée
en 2018 par Power Africa, l'Afrique subsaharienne a le potentiel de
développer 400 GW de capacité électrique alimentée au gaz, sur la base
de ses réserves de gaz connues. La Côte d'Ivoire est l'un des marchés au
potentiel le plus élevé dans ce domaine, et Power Africa estime que
plus de 1,2 GW de capacité pourrait y être développée d'ici 2030 dans le
pays. L'agrandissement en cours d'Azito et la construction de la
centrale d'Atinkou ont mis la Côte d'ivoire sur le bon chemin pour
qu’elle puisse exploiter pleinement ce potentiel et ouvrir la voie à ses
voisins africains.
Mais la Côte d’Ivoire ne s’arrête pas là. Fin
2018, sa société de transport SOTRA (Société des transports abidjanais)
a reçu 50 bus fonctionnant au gaz naturel comprimé (GNC). Ces bus font
partie des tout derniers véhicules fonctionnant avec la technologie GNC
et fournissent une monétisation supplémentaire aux réserves de gaz
offshore du pays. Après des essais réussis depuis 2018, jusqu'à 150 bus
au GNC devraient circuler sur les routes d'Abidjan d'ici 2021.
« À
l'heure où les hydrocarbures sont critiqués dans le monde entier pour
leurs émissions excessives de carbone, nous avons besoin que les nations
africaines montrent la voie à suivre pour promouvoir les avantages du
gaz naturel pour le climat et pour l’'industrialisation de l'Afrique et
la création d’emplois », a déclaré Mickaël Vogel, Directeur de la
stratégie à la Chambre africaine de l'énergie. « Les véhicules au gaz
naturel sont une réponse efficace aux préoccupations environnementales,
tout comme les centrales au gaz qui émettent environ deux fois moins de
carbone que les centrales fonctionnant au diesel et au charbon. Ces
développements motiveront des investissements supplémentaires dans
l’exploration et la production de gaz en Côte d’Ivoire et soutiendront
le développement de l'ensemble de la chaîne de valeur, de la production
de gaz à sa monétisation. »
La Côte d’Ivoire montre la voie à
suivre pour que d’autres économies africaines monétisent leur gaz dans
toutes les industries, de l’électricité aux transports, en passant par
les engrais et la pétrochimie. Le gaz naturel est une ressource d'avenir
pour l'Afrique et son utilisation doit être davantage encouragée comme
moyen de créer des emplois et de soutenir l'industrialisation du
continent.
fratmat.info